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ANAGRAMME – PARAGRAMME

Si le terme de « paragramme » rappelle celui d’« anagramme » de Ferdinand de Saussure, ce n’est pas par hasard. Saussure lui-même hésite « entre les termes d’anagrammes, d’antigramme, d’hypogramme, de paragramme, de paratexte » pour désigner la « présence évidente, mais dispersée, des phonèmes conducteurs » (Baudrillard, 1976, 287) repérables dans la poésie saturnienne. Le dialogisme bakhtinien rejoint le Saussure des Anagrammes.

C’est Jean Starobinski qui publie les Cahiers d’anagrammes de Saussure en 1971 et distingue « deux » Saussure dans Les Mots sous les mots. D’après le témoignage de ces cahiers, Saussure fait une pratique de lecture inédite lorsque, en suivant la loi de la couplaison et la loi du mot-thème, il découvre que « le poète met en œuvre, dans la composition du vers, le matériau phonique fourni par un mot-thème » (Baudrillard, 1976, 286).

L’intérêt de ce procédé tient au fait que cette lecture anagrammatique n’obéit point à la règle de la linéarité ni à l’arbitraire du signe. Ainsi la supériorité de la forme sur la substance – prônée par Cours de linguistique générale – est une fois pour toutes abolie, mettant en échec le principe qui préside à tout présupposé en poétique. En effet, les recherches sur l’anagramme ont tendance à établir un parallèle entre la production des anagrammes et le fonctionnement inconscient du sujet soumis aux règles dictées par la langue. Or, avec l’anagramme une transgression semble avoir lieu affectant l’instance de l’auteur, transgression que « la mort de l’auteur » vient à perpétrer.