MYTHES ET IMAGES
Parmi les 53 essais réunis dans Mythologies nombreux sont ceux qui abordent directement ou indirectement des sujets relatifs à l’image et à la visulalité, dont les plus réussis sont Photogénie électorale, Cuisine ornementale, Le visage de Garbo, Photos-chocs, Strip-tease, Les Romains au cinéma, etc., chacun anticipant sur les partis pris de La Chambre claire (1980).
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Dans ses analyses perspicaces, Barthes se montre particulièrement attentif au paradoxe même de la photographie dont l’essence ne réside nullement dans une reproduction « surconstruite » de la réalité. Dans Photo-chocs (OC I, 752-753) – par opposition à La grande famille des hommes qui traite d’une exposition photoréaliste sans intérêt – il cherche à rattraper le geste de l’artiste par lequel il « surconstruit » et par là-même fausse la photo. C’est à cause de cette surconstruction ou bien surindication que certains photos de l’exposition Photos-chocs à la Galerie d’Orsay « n’ont pour nous aucune histoire, nous ne pouvons plus inventer notre accueil à cette nourriture synthétique, déjà parfaitement assimilée pas son créateur ».
Aussi la « mise en forme » empêche-t-elle de « recevoir profondément l’image dans son scandale ». Ce que Barthes appelle « majoration immobile de l’insaisissable », –« lieu où commence l’art » – n’est finalement d’autre qu’un avatar de ce qui deviendra sous sa plume plus tard « obtus » ou « punctum ». La « catharsis critique » n’est le propre que des images qui sont privées et du « chant » et de « l’explication » : celles qui « obligent le spectateur à une interrogation violente ». Par contre la photographie « littérale » qui bien que se heurte à une « purge émotive » ne peut finalement qu’introduire « au scandale de l’horreur, non à l’horreur elle-même». N’est-ce pas un vieux dilemme compliqué traduisant la « trahison des images » (cf. « Ceci n’est pas une pipe. » de René Magritte)
Vidéo
Regardez la vidéo où Roland Barthes parle de Mythologies !
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