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LE SIGNE

Pour ce qui est de la dichotomie du signe : « le signe linguistique unit non une chose et un nom mais un concept et une image acoustique » (p. 98).

« Le signe lingusitique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique. Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique,mais l’empreinte psychique de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de nos sens ; elle est sensorielle, et s’il nous arrive de l’appeler « matérielle », c’est seulement dans ce sens et par opposition à l’autre terme de l’association, le concept, généralement plus abstrait »

Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, 1972, 98

Saussure adopte ici la conception stoïcienne, selon laquelle le signe est un phénomène à double face, composé d’un signifiant sensible (signans) et d’un signifié intelligible (signatum). Les deux faces du signe – tout comme le recto et le verso d’une feuille de papier – sont inséparables. le signifiant (Sa) est un médiateur, la matière lui est nécessaire ; le signifié () n’est pas une chose, une entité extralinguistique, mais la face mentale du signe. Leur rapport est arbitraire (lien unissant le signifiant au signifié), à la différence du symbole qui présuppose un rapport intrinsèque, analogique entre le signifiant et le signifié.

Le signe linguistique fait appel à une relation extrinsèque, instituée : aucune ressemblance n’existe entre la forme et le sens du message communiqué. Aussi les onomatopées sont-elles arbitraires selon Saussure, car elles se comprennent grâce à une convention. Ce qui peut prêter à confusion, c’est l’usage ambigu dont le mot « symbole » (et l’adjectif qui en dérive : « symbolique ») fait l’objet. A l’opposé de Saussure, pour Charles S. Peirce le signe linguistique est un symbole, alors que le registre symbolique chez Lacan fait appel à la langue.

L’étude de la langue en tant que système des signes prend place dans une discipline plus large que Saussure appelle « sémiologie ». Ainsi compris, la littérature se place au confluent de la linguistique et de la sémiotique. La linguistique lui permet de dévoiler ses structures internes, inconscientes, la sémiotique, les sens.

Selon Saussure la sémiologie qui « étudie la vie des signes au sein de la vie sociale » (Saussure, 1972, 33) jouit d’une double détermination : par rapport à « la psychologie sociale », dont elle fera partie, ainsi que par rapport à la linguistique qui n’en est qu’une partie. Basée sur une conception dichotomique du signe, la sémiologie saussurienne se révèle fermée et statique d’où son caractère dogmatique auquel de nombre de pratiques critiques ont cherché à remédier.