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MYTHOLOGIES CONTEMPORAINES

A partir des années 50, en plein essort du structuralisme et de la culture de masse, Roland Barthes montre une sensibilité sémiotiques pour des phénomènes culturels contemporains. Les essais qui s’en résultent écrits entre 1954-56 et publiés d’abord dans des magazines témoignent non seulement d’un sens critique aigu de leur auteur dévoilant avec subtilité les idées reçues faufilant en vrac la société française des années 50, mais révèlent aussi que derrière l’élégance et la facilté une ferme volonté de comprendre comment les signes signifient se laisse deviner. En effet, cette capacité d’analyse permettra plus tard à Barthes de théorise sa propre sensibilité instinctive, voire viscérale avec des modèles que lui offrira la sémiologie.

Si les mythes de la société contemporaine intéressent Barthes, c’est parce qu’ils exemplifient un mode de signification particulier car le mythe ne se définit pas par son objet, mais par la manière dont il profère son objet. Il est un système sémiologique créé à partir d’un autre système – la langue – qui lui préexiste. Le mythe est donc un système sémiologique second. C’est « Le mythe, aujourd’hui » (1956), postface de Mythologies (1957), qui donne le fondement théorique de manière rétrospective et érige en système complexe les intutitions de Barthes.

« Il y a dans le mythe deux systèmes sémiologiques dont l’un est déboîté par rapport à l’autre. » La complication du mythe vient justement de cette rendcontre des systèmes dont voici le schème :

Barthes mythe

Exercice

Reportez-vous à la notion du signe saussurien !

Barthes explique à partir d’un exemple pris de la couverture de Paris-Match quels sont les « accomodations » possibles dans la saisie des mythes. Ainsi, par exemple la photo qui montre « un nègre saluant le drapeau français » peut être lue de trois manières, selon l’accomodation (métaphore ophtalmologique : aptitude de l’œil à accomoder).

(1)  Lorsque le lecteur prend le mythe tel qu’il est sans y réfléchir, alors il « accomode sur le signifiant du mythe comme sur un tout inextricable de sens et de forme ». A ce moment là il répond « au mécanisme constitutif du mythe, à sa dynamique » : le garçon incarne l’impérialité française, il en est la présence.

(2)  Deux autres lectures destructrices et non innocentes sont encore possibles. Celle du mythologue qui accomodant « sur un signifiant plein » déchiffre le mythe, comprend la déformation que la forme fait subir au sens, il dévoile l’imposture : « le nègre qui salue devient alibi de l’impérialité française ».

(3)  Et celle du producteur du mythe qui le construit avec « cynisme ». Cette accomodation sur un signifiant vide permet au concept d’ « emplir la forme du myhte sans ambiguïté » . On y retouve donc un système simple « où la signification redevient littérale ».

L’essentiel est le passage de l’ordre du langage à l’ordre du mythe. Cette opération qui a lieu dans la formation de mythe ne sert pas à cacher ou à afficher, ainsi le mythe « n’est ni un mensonge, ni un aveu : c’est une inflexion ». Le mythe déforme en dévoilant ou en liquidant le concept, il finit pas la « naturaliser ». On retrouve par là le principe même du mythe en ce qu’il transforme l’histoire en nature. Voici comment les faits culturels, historique, idéologiques, toute représentation stéréotypées nous sont familiers et reçus comme naturels.